Comment réussir la mise en place d’un projet de RPA ?
La mise en place d’un projet de RPA (Robotic Process Automation) est un levier de transformation digitale essentiel, permettant d’augmenter significativement la productivité et le retour sur investissement (ROI).
Sommaire
Du choix stratégique à l’hyperautomatisation
Définition de la RPA
La RPA (Robotic Process Automation) est une technologie qui utilise des robots logiciels pour automatiser les tâches numériques répétitives, basées sur des règles, en imitant les actions humaines sur les applications informatiques. Son but est d’augmenter l’efficacité, la précision et de permettre aux employés de se concentrer sur des tâches à forte valeur ajoutée.
L’étape initiale de tout projet d’automatisation ne se limite plus à repérer une tâche manuelle ; elle exige une vision stratégique qui intègre les technologies adjacentes, marquant le passage de la simple RPA à l’hyperautomation.
Identifier le potentiel d’impact métier
L’identification des processus à automatiser est l’étape fondatrice. Plutôt que de se focaliser uniquement sur les tâches itératives et à faible valeur ajoutée, l’analyse doit désormais se centrer sur les processus offrant le meilleur potentiel d’impact métier et le ROI le plus rapide, tout en gérant le niveau de complexité. Faire appel à un chef de projet RPA est également une option judicieuse pour mener votre projet.
L’analyse doit tenir compte de plusieurs critères de pertinence essentiels :
- Répétitivité et volume : Plus le processus est exécuté fréquemment avec un volume élevé, plus le gain de temps et le ROI seront élevés.
- Stabilité : Les processus stables et rarement sujets à des changements dans les systèmes sous-jacents minimisent les coûts de maintenance.
- Fiabilité et qualité : La RPA assure une fiabilité proche de 100 % sur les saisies, essentielle dans les domaines réglementés ou financiers.
- Complexité et intégration : Aujourd’hui, grâce à l’intégration de l’Intelligence Artificielle (IA) et du Process Mining, la RPA peut aborder des processus plus complexes, impliquant l’interprétation de documents non structurés. La priorité doit être donnée aux processus qui libèrent le temps des collaborateurs pour des activités nécessitant une capacité d’analyse et de jugement humain.
Une feuille de route d’automatisation précise est primordiale, définissant les objectifs de productivité, de rendement, et le budget.
Le choix d’une plateforme d’automatisation intelligente
Le choix du logiciel de RPA (Robotic Process Automation) est déterminant. L’outil RPA s’adapte en fonction de la maturité et des besoins de l’entreprise. Il est crucial d’évaluer la solution non seulement sur les capacités de base de la RPA, mais sur l’ensemble de la plateforme d’automatisation intelligente (Hyperautomation).
Les différents types de RPA
Lors de l’évaluation, il est important de considérer les différents types de RPA :
- La RPA attended (assistée) pour les tâches démarrées par l’humain.
- La RPA anattended (non assistée) pour les processus massifs et planifiés, assurant une disponibilité 24/7.
- Et la RPA cognitive (intelligente), qui intègre des briques d’IA (NLP, vision par ordinateur) pour gérer les données non structurées et les exceptions complexes, rendant possible l’automatisation de processus de bout en bout.
Critères essentiels pour l’évaluation des plateformes
L’ergonomie et la facilité d’utilisation (mode Low Code/No Code) sont désormais des critères majeurs. Certaines plateformes permettent aux Citizen Developers (collaborateurs non-informaticiens) de créer leurs propres automatisations sous la supervision du CoE (Centre d’Excellence).
Par ailleurs, la capacité d’intégration aux systèmes existants (API, bases de données) et les fonctionnalités de sécurité (gestion des identités, des accès et des journaux d’audit) sont des conditions non négociables.
Le choix entre une solution standard Low Code et le développement sur mesure via une ESN (Entreprise de Services du Numérique) dépendra de la complexité des outils métiers et du niveau de personnalisation requis.
Structurer la gouvernance et le centre d’excellence (CoE)
Le succès à long terme d’un programme RPA repose moins sur la technologie que sur sa gouvernance. Un Centre d’Excellence (CoE) de la RPA est la structure qui connecte les facteurs de réussite de manière programmée, assurant que les personnes, les processus et les outils sont alignés stratégiquement.
Les rôles clés pour un passage à l’échelle réussi
La mise en place d’une équipe dédiée et qualifiée est indispensable. Elle inclut plusieurs rôles essentiels :
- Sponsor exécutif : Assure le financement et l’alignement stratégique.
- Responsable du CoE / architecte : Définit la stratégie, les normes techniques et la gestion de la sécurité.
- Analyste métier RPA : Identifie, évalue et documente les processus (création du PDD).
- Développeur RPA : Construit et teste les automatisations (création du SDD).
- Administrateur IT : Assure le maintien en condition opérationnelle (MCO) de l’infrastructure et des licences.
- Référent métier : Collaborateur qui connaît parfaitement le processus automatisé et assure le suivi post-production.
Cette structure permet de gérer le pipeline de l’automatisation (identifier, prioriser, développer, déployer) et d’assurer une évolutivité contrôlée.
Le rôle essentiel du citizen developer
L’explosion des outils Low Code a engendré le rôle du Citizen Developer, un collaborateur métier capable de créer des automatisations simples. Cependant, cette pratique doit être rigoureusement encadrée par le CoE. Le Centre d’Excellence fournit les outils, les normes de développement et les formations pour que ces automatisations personnelles respectent les normes de sécurité et de maintenance de l’entreprise, évitant ainsi le “Shadow IT” et les risques techniques associés.
Le cycle de vie complet du développement (SDLC)
Le développement d’une solution RPA suit un cycle de vie qui, bien que rapide pour le pilote, doit respecter des étapes méthodologiques rigoureuses (souvent inspirées des méthodes agiles).
1/ La phase de conception et de documentation
La documentation est la clé de la maintenance et du passage à l’échelle. Elle se formalise principalement autour de deux documents fondamentaux. Le premier est le Process Design Document (PDD), rédigé par l’analyste métier. Ce document décrit le processus tel qu’il est (As-Is) et tel qu’il devrait être une fois automatisé (To-Be), définissant les règles métiers, les volumes, les exceptions et les KPI. Le second est le Solution Design Document (SDD). Rédigé par le développeur, il traduit le PDD en spécifications techniques précises pour le robot RPA, incluant la logique de code, les systèmes d’accès, la gestion des erreurs et les sélecteurs d’éléments, avec une vérification obligatoire par le CoE pour s’assurer du respect des normes de codage.
2/ Le rôle fondamental du pilote et des tests
L’étape du pilote constitue la phase de test en conditions réelles. L’objectif est clair : vérifier l’efficacité technique, la stabilité de la solution et la gestion des exceptions identifiées. Le déroulement de cette phase implique le déploiement du robot sur un processus réel, mais avec un volume de données limité et pour une durée bien définie. La validation qui en découle est cruciale ; c’est le moment d’identifier les problématiques non anticipées, comme des changements d’interface utilisateur ou des temps de réponse variables des applications tierces, afin d’effectuer les ajustements nécessaires. La validation par l’utilisateur final (UAT – User Acceptance Test) et la validation technique par l’IT sont impératives avant la mise en production.
Maîtriser le budget et le retour sur investissement (ROI)
Un projet de RPA est caractérisé par un ROI généralement rapide (souvent autour de 250 %), mais la maîtrise budgétaire nécessite de ventiler correctement les coûts initiaux et récurrents. Le marché de la RPA à Montréal ou ailleurs présente des coûts variés selon les plateformes et le niveau d’externalisation.
Ventilation des coûts initiaux et récurrents
Le budget d’un projet RPA doit anticiper les coûts récurrents liés à la maintenance, souvent sous-estimés.
| Catégorie de coût | Description | Fréquence de dépense | Coût estimatif (base amérique du nord / Europe) |
| Licences Logicielles | Coût d’abonnement ou d’acquisition des licences pour les robots (unattended vs attended), la salle de contrôle (Orchestrator), et les studios de développement. | Annuelle (Abonnement) | Varie fortement (Ex. : Forfait de base Unattended autour de 750 $ US/mois) |
| Intégration et Développement | Coûts d’externalisation (ESN) ou de l’équipe interne pour les phases de conception, développement, et tests. | Ponctuelle (Projet) | Consultant RPA : 150 $à 250$ US/heure |
| Infrastructure et Hébergement | Serveurs virtuels ou environnement cloud pour héberger les robots non assistés (Unattended). | Annuelle/Mensuelle (Récurrent) | Dépend de l’échelle (variables cloud) |
| Formation et CoE | Coût des formations pour les développeurs, analystes, et Citizen Developers. Établissement de la structure de gouvernance. | Initiale et Annuelle | Initiale significative |
| Maintenance et Support | Maintien en Condition Opérationnelle (MCO), mises à jour logicielles, et correction des erreurs dues aux changements applicatifs. | Récurrente (Annuelle) | Coûts récurrents (Ex. : 498 K€ annuels pour un grand programme) |
La réussite financière d’un projet s’évalue en comparant le coût du programme avec les gains générés par les heures de travail libérées, la réduction des erreurs, et l’augmentation de la vitesse de traitement.
Métriques et suivi continu des bénéfices
La mise en place d’un projet de RPA ne s’arrête pas au déploiement. Un suivi constant est nécessaire pour maximiser le ROI et identifier les nouveaux potentiels d’automatisation.
Les indicateurs de performance (KPI) au-delà du temps gagné
Le suivi des bénéfices va au-delà du simple gain de temps des collaborateurs et englobe la qualité, la disponibilité et la satisfaction, mesurées par des indicateurs clés de performance. On mesure d’abord la rapidité d’exécution en comparant le temps moyen d’une action automatisée au temps humain, ce qui évalue le gain d’efficience. Ensuite, la précision, ou le taux d’erreurs du robot, est fondamentale ; un taux réduit diminue les coûts de correction et les risques de non-conformité. L’utilisation et la disponibilité sont également analysées, c’est-à-dire la fréquence d’exécution par rapport à la disponibilité 24/7, garantissant une production sans interruption. Enfin, la satisfaction des employés est sondée pour évaluer le soulagement des tâches fastidieuses, un facteur essentiel pour la gestion du changement.
Ces indicateurs permettent de justifier les prévisions budgétaires et d’assurer un suivi fidèle des résultats.
Se démarquer : l’expertise de terrain
Pour que la page reflète une véritable expertise de terrain, elle doit intégrer des éléments concrets issus de l’expérience opérationnelle.
La maîtrise de la priorisation risque/valeur
Un expert se distingue notamment par l’utilisation stratégique de la matrice de priorisation risque/valeur. Il ne choisit pas le processus le plus facile, mais celui qui offre le meilleur compromis entre le niveau de complexité (risque) et l’impact financier (valeur). Il est toujours recommandé de privilégier les projets à haute valeur et faible complexité pour les premières vagues d’automatisation, garantissant ainsi des victoires rapides et un soutien organisationnel fort.
Robustesse technique et maintenance proactive
Un autre point technique souvent négligé mais essentiel est l’importance de la gestion des sélecteurs. La fragilité du robot face aux changements de l’interface utilisateur (UI) est un risque réel. L’expertise réside dans la capacité à identifier et à utiliser les sélecteurs d’éléments les plus robustes, ou mieux encore, à basculer vers des intégrations par API lorsque cela est possible, assurant ainsi une stabilité à toute épreuve.
Enfin, il faut absolument éviter l’erreur de la maintenance réactive. Gérer la maintenance des robots uniquement en cas de panne est une approche risquée. Une stratégie proactive est requise, incluant un monitoring et des vérifications régulières des logs d’exécution pour détecter les signaux faibles (ralentissement, erreurs ponctuelles) avant qu’ils n’impactent la production.
De la RPA à l’hyperautomatisation : Synthèse et feuille de route future
La réussite de la mise en place d’un projet de RPA est une démarche structurée qui va bien au-delà de la simple installation d’un logiciel. Elle exige une feuille de route claire, un investissement dans la gouvernance via un Centre d’Excellence, et l’adoption de méthodologies de développement rigoureuses. En intégrant les nouvelles dimensions de l’hyperautomation et en maîtrisant les coûts récurrents de maintenance, les entreprises s’assurent non seulement un retour sur investissement rapide, mais se positionnent également durablement pour l’ère de l’automatisation intelligente. L’avenir d’un logiciel RPA est dans sa capacité à travailler de concert avec l’IA pour traiter l’information non structurée, transformant ainsi radicalement les processus complexes et libérant les talents humains pour des tâches à forte valeur ajoutée.
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